162 ADChers adhérents,

J’ai mesuré l’incompréhension et quelquefois la colère d’un certain nombre d’entre vous suite à la mise en œuvre de la contribution de solidarité pour soutenir la chasse du petit gibier de plaine en Seine-Maritime. Préalablement, je tenais à rappeler que les fonds récoltés seront intégralement reversés aux piégeurs et aux gestionnaires de territoires réalisant des opérations de comptage. Ils permettront également de soutenir les opérations de renforcement de populations de perdrix grise à partir des oiseaux de notre conservatoire de souches sauvages. Rien pour le fonctionnement de la fédération.

Ce dispositif a pour objectif d’harmoniser la contribution financière des gestionnaires de chasse à l’échelle départementale. Depuis 30 ans, les GIC réalisent et financent avec les cotisations de leurs adhérents de nombreuses actions pour soutenir le petit gibier (comptages, piégeage, aménagements…). Plusieurs centaines de milliers d’euros ont ainsi été investis par ces 53 associations couvrant plus de la moitié de la surface du département (250 000 hectares), sur leurs propres fonds, avec le soutien de la fédération. Pour la première fois, nous demandons la participation de tous parce qu’il est urgent d’agir, ensemble et maintenant.

Avec la raréfaction de la perdrix grise et du lièvre , nous avons considéré que le monde de la chasse devait être solidaire et que chaque gestionnaire de territoire devait participer à l’effort, à son niveau. Dans les plans de gestion, les faibles attributions de cette saison ont exacerbé le mécontentement. Mais faire le rapport entre le montant de la contribution de solidarité et le nombre de gibiers attribués est un peu simpliste, sauf à vouloir discréditer les choix de la fédération. C’est l’action dans sa globalité que nous soutenons et elle doit être d’autant plus forte que le gibier se porte mal. L’intérêt général est notre priorité.

Soyez conscient que nous sommes face à un dilemme : adapter les quotas aux faibles populations présentes (en général) ou attribuer « avec largesse » pour satisfaire un maximum de chasseurs. Les commissions locales sont confrontées chaque année à cette difficulté et avec les informations dont elles disposent, tentent d’y répondre avec justesse. Je les remercie pour leur dévouement. Nous savons aussi que si les densités deviennent trop basses, la chasse de la perdrix et du lièvre pourrait être purement et simplement interdite. Les chasseurs ont aussi des comptes à rendre à la société pour les espèces qu’ils gèrent. Votre fédération ne peut occulter ce risque bien réel. Ce serait dramatique.

Néanmoins, chasseur de petit gibier et gestionnaire d’un territoire, je ne suis pas insensible à cette incompréhension et à cette colère. Comment conserver la part du rêve dans un contexte aussi difficile ? Comment récompenser les chasseurs les plus actifs ? Comment associer un maximum d’adhérents aux prises de décision et aux actions de terrain? Comment être équitable dans la définition des participations financières de chacun ?

Sur ce dernier point, je m’interroge sur le montant des locations de chasse de plaine. Que représentent 70 centimes de l’hectare comparés à des montants de location de 10 euros par hectare de plaine en moyenne ? Ne vaudrait-il pas mieux louer moins cher des territoires souvent désertiques et utiliser l’argent pour soutenir nos piégeurs, renforcer les populations et réaliser des aménagements?

Pour toutes ces raisons, je vais saisir mon conseil d’administration à la mi-octobre et demander à notre commission petit gibier d’analyser ce dossier délicat.

Bien cordialement, Alain Durand